Lorraine Rousseau
On parle souvent d’un « retour à la normale », d’un « redémarrage », ou de « la vie avant la pandémie », mais est-ce que tout était aussi rose que dans nos souvenirs? Il est temps de planifier une remise à neuf, une relance équitable : les problèmes systémiques, les injustices sociales et l’incapacité de certaines personnes de subvenir à leurs besoins sont sans cesse mis en lumière, mais ces situations ne doivent plus être tolérées au sein de nos communautés. Personne ne doit être laissé pour compte. Nous avons l’occasion d’aider les personnes, les familles et les collectivités les plus vulnérables. Quand on parle de pauvreté, de nombreuses personnes imaginent des milieux extrêmement hostiles à l’autre bout du monde. Malheureusement, nul besoin de chercher des exemples de pauvreté bien loin, car elle existe ici, au Canada.
Des enfants qui vont à l’école le ventre vide. Des familles qui n’ont pas les moyens d’acheter de la nourriture saine et nutritive. Un employé payé au salaire minimum qui n’arrive pas à se trouver un logement décent. Une femme qui choisit de rester avec un partenaire abusif, car elle n’a pas les moyens de partir. Les exemples sont nombreux et franchement crève-cœur. Ce sont des situations qu’on croise quotidiennement et que peuvent vivre des membres de notre famille, un ami, voire certains d’entre nous. Si vous vous demandez à quoi ressemble la pauvreté chez nous, il suffit de regarder autour de vous, elle est partout. Nous aussi pourrions nous retrouver démunis, que nous vivions dans le Nord ou ailleurs au pays.
Voici la description de la pauvreté selon la Banque mondiale :
« La pauvreté a de nombreux visages. Elle change de lieu en lieu et avec le temps. Elle a été décrite de maintes manières. Le plus souvent, la pauvreté est une situation à laquelle les gens veulent échapper. La pauvreté est donc un appel à l’action — pour les pauvres comme pour les riches —, un appel à l’action pour changer le monde pour que beaucoup plus de gens aient assez à manger, un logement décent, accès à l’instruction, à des soins de santé et à la protection contre la violence, ainsi qu’un mot à dire par rapport à ce qui se passe dans leur collectivité. »
Travailler ensemble pour éliminer la pauvreté n’est pas un acte de charité, mais bien une obligation morale de restaurer la justice qui a été érodée par des systèmes qui favorisent le seul profit des plus riches. Comment pouvons-nous travailler ensemble pour veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte?
L’instauration d’un revenu de base ou de subsistance garanti est l’une des solutions, la plus efficace à mon avis. À l’échelle nationale, il faudra faire preuve de volonté politique pour instaurer le revenu de base garanti. Pouvons-nous nous le permettre? Absolument!
L’an dernier, lorsque le gouvernement fédéral a lancé la prestation canadienne d’urgence (PCU), nous avons eu l’espoir que celle-ci serait transformée en revenu de base garanti afin d’aider les personnes dans le besoin à sortir de la pauvreté. Malheureusement, la PCU n’était pas un revenu de subsistance garanti ni un projet pilote pour l’établir. Ce n’était qu’une réponse à la pandémie de COVID-19, et il fallait répondre à certains critères pour y avoir droit. Les travailleuses et travailleurs n’y avaient accès que s’ils avaient perdu leur emploi en raison de la pandémie.
Qu’est-ce que le revenu de subsistance garanti?
Selon Evelyn Forget, auteure du livre Basic Income for Canadians: From the COVID-19 Emergency to Financial Security for all, le revenu de subsistance garanti ferait en sorte que toute personne n’ayant pas de revenu reçoive un montant suffisant pour vivre, certes modestement, mais dans la dignité. Les personnes qui ont un emploi, mais qui vivent tout de même dans la pauvreté, recevraient une partie du montant.
Ce revenu est plus qu’une solution de fortune pour aider les personnes qui n’ont pas de revenu, ou très peu. On veut en faire un système durable.
Ce n’est pas non plus une question de politique partisane. Qu’on parle de revenu de subsistance garanti ou de revenu de base universel, des personnalités de toutes les allégeances politiques appuient cette solution.
Que pouvez-vous faire pour promouvoir le projet de revenu de base? Vous trouverez des ressources sur https://www.ubiworks.ca/accueil. Le 16 décembre 2021, la députée Leah Gazan a déposé le projet de loi C-233 qui, s’il est adopté, établirait le premier cadre national d’un revenu de subsistance garanti partout au Canada. Le même texte a été présenté par la sénatrice Kim Pate, pour un effort coordonné de la Chambre des communes et du Sénat.
Vous pouvez contribuer à l’adoption du projet de loi C-233 en demandant à votre député de voter en sa faveur. Chaque voix compte : signez la pétition sur le site Web de l’UBI ou appelez votre député.
Travaillons ensemble pour améliorer le sort de tout un chacun. Une fois la pandémie derrière nous, il ne faudra pas revenir « à la normale ». Nous devons plutôt concevoir une réalité où personne n’est laissé pour compte.