Lorraine Rousseau
Juin est à la fois le Mois national de l’histoire autochtone et le début de la saison de la Fierté. C’est aussi la période du soleil de minuit, ces longues journées nordiques qui nous rappellent qu’il y a toujours de la lumière au bout du tunnel, une lumière qui brille avec éclat. En juin et tout au long de l’année, soyons nous-mêmes cette lumière en luttant contre toutes les formes de discrimination dont font l’objet les individus et les communautés autochtones du pays. Engageons-nous à agir pour défendre les droits des personnes et des communautés LGBTQ2+.
Dans une vidéo sur la Fierté présentée par le Syndicat des employé-e-s du Nunavut, le président du syndicat, Jason Rochon, pose la question suivante : « Si vous n’êtes pas des alliés, vous êtes quoi au juste? » Cette question m’a frappée et j’ai choisi d’en faire le titre de ma chronique, même si elle porte sur un autre sujet. Aujourd’hui, je vous propose donc une réflexion sur ce que veut dire être un allié, non seulement en juin, mais toute l’année. Les survivantes et survivants, leurs familles, leurs partenaires et amis et bien d’autres personnes ont emprunté la voie de la vérité et de la justice. Comment pouvons-nous célébrer et honorer la Journée nationale des Autochtones en tant qu’alliés?
Le 21 juin, Journée nationale des Autochtones, est à notre porte. Cette journée souligne la richesse de l’histoire, de la culture et des contributions des Premières Nations, des Inuits et des Métis. C’est aussi un jour désigné dans bien des régions du pays. Prenons le temps de célébrer, d’apprendre et surtout de nous engager à être des alliés. Tout le monde peut défendre les droits et l’autodétermination des peuples autochtones de notre pays. Les alliés sont les bienvenus. Nous pouvons à tout le moins être à l’écoute et demeurer solidaires.
La Journée se prête à bien des activités, surtout si elles permettent aux différentes communautés d’apprendre à se connaître et de s’entraider. Nous voulons que nos actions pressent les différents paliers de gouvernement à mettre en œuvre les appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation du Canada.
Cette année encore, nous mettons l’accent sur l’appel à l’action no 57 :
Nous demandons aux gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux de même qu’aux administrations municipales de s’assurer que les fonctionnaires sont formés sur l’histoire des peuples autochtones, y compris en ce qui a trait à l’histoire et aux séquelles des pensionnats, à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, aux traités et aux droits des Autochtones, au droit autochtone ainsi qu’aux enseignements et aux pratiques autochtones. À cet égard, il faudra, plus particulièrement, offrir une formation axée sur les compétences pour ce qui est de l’aptitude interculturelle, du règlement de différends, des droits de la personne et de la lutte contre le racisme.
Ne fermons pas les yeux. Le chemin de la vérité et de la réconciliation passe obligatoirement par la conscientisation. C’est pourquoi je demande aujourd’hui à tous les gouvernements de mettre en œuvre cet appel à l’action. Et je vous demande de m’aider en contactant vos leaders, vos élus municipaux et vos députés pour les sensibiliser à la cause et exiger une action immédiate.
Les peuples et les communautés autochtones doivent être libres de continuer à exposer des vérités qu’ils connaissent depuis toujours. L’an dernier, on a découvert des milliers de tombes anonymes d’enfants près de sites d’anciens pensionnats à Kamloops et ailleurs au pays. La Journée nationale des Autochtones et une célébration, et tous les autres jours, une occasion d’honorer les victimes, les survivants et les survivantes. Exigez que justice soit faite. Soyez toujours solidaires des familles des personnes bispirituelles, des filles et des femmes autochtones disparues et assassinées. La semaine dernière, l’Association des femmes autochtones du Canada a publié un rapport sur l’état du Plan d’action national 2021 du gouvernement visant à mettre fin à la violence faite aux personnes de genres divers, aux femmes et aux filles autochtones. Le bilan : presque rien n’a été fait au cours de la dernière année pour réduire le nombre scandaleux de meurtres et de disparitions. Selon le rapport :
[TRADUCTION]
Entre 2015 et 2020 (données les plus récentes), 24 % de toutes les victimes de fémicide au Canada étaient des femmes autochtones, alors qu’elles ne représentent que 5 % des Canadiennes. Rien n’indique une diminution du nombre de ces crimes au pays.
Ensemble, on peut agir et on le DOIT. Je n’insisterai jamais assez sur l’importance d’apprendre, d’écouter, de sensibiliser et d’échanger de l’information fiable. C’est le premier pas qu’il faut franchir pour devenir des alliés.
Prévoyez-vous participer à la Journée nationale des Autochtones? Vous aurez le choix de nombreuses activités culturelles un peu partout dans le Nord. Si vous décidez de venir en alliés, vous serez reçus à bras ouverts. Soyez des alliés. Soyez solidaires.
En guise de conclusion, permettez-moi de donner la parole à Marie Wilson, l’une des trois membres de la Commission de vérité et réconciliation. Cette citation inspirante est tirée d’une allocution qu’elle a prononcée à l’Université de l’Alberta :
« Nous avons nourri notre ignorance collective et il est temps que ça cesse. »
[TRADUCTION]