L’égalité, plus qu’une affaire de lois

de Lorraine Rousseau

Le mois de mai marque le début des activités de la Fierté dans de nombreuses villes canadiennes. À l’AFPC, nous célébrons fièrement les personnes LGBTQ2+ dans le Nord, et partout au pays. L’été sera riche d’activités sur le thème de la Fierté, en personne et en mode virtuel.

Les déclarations, les discours et la participation aux activités sont d’excellentes façons d’exprimer sa solidarité. Toutefois, il faudra en faire plus pour nos compatriotes LGBTQ2+. La véritable solidarité doit se traduire par des actions concrètes. Chaque personne a le droit fondamental de prendre des décisions concernant son corps, sa vie et son avenir. Malheureusement, trop de personnes marginalisées n’ont pas cette liberté. Le 17 mai, c’est la Journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie. Pourquoi le 17 mai? Parce que c’est à cette date, en 1990, que l’Organisation mondiale de la santé a supprimé l’homosexualité de sa liste des troubles mentaux. Notons ce jour à nos calendriers et posons au moins un geste pour le souligner.

Profitons-en également pour sensibiliser les gens et réfléchir à notre lutte collective contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie au travail, dans nos écoles, dans nos communautés et ailleurs. L’injustice envers une seule personne est une injustice envers tous – la lutte contre la discrimination et la haine est une responsabilité collective.

Il ne fait aucun doute que nous avons remporté certaines victoires au cours des derniers mois. La thérapie de conversion est officiellement interdite en vertu d’un projet de loi enfin adopté en décembre dernier. Selon la définition de la loi, cette thérapie englobe les pratiques, les traitements et les services conçus pour modifier ou réprimer l’orientation sexuelle, l’identité de genre ou l’expression de genre. L’interdiction de cette pratique injuste est un grand pas vers l’élimination de la discrimination contre les personnes LGBTQ2+. De plus, il y a quelques semaines, Santé Canada a levé l’interdiction du don de sang pour les hommes gais et bisexuels. Cependant, il faudra plus que quelques lois pour obtenir l’égalité. La lutte pour l’égalité est un combat quotidien qui va bien au-delà des lois.

Juin est le Mois de la Fierté au Canada, et de nombreux organismes exprimeront leur solidarité aux quatre coins du pays. C’est une pratique que j’appuie, et j’espère que les messages de solidarité, de diversité, d’empathie et de compassion se multiplieront. Toutefois, les mots ne suffisent pas. Même si les personnes LGBTQ2+ sont fortes et résilientes, même si les déclarations, les festivals et les activités ont leur place, ce qui compte par-dessus tout, c’est que nous fassions front commun contre la discrimination et la haine qui se manifestent en paroles et en gestes. Si la technologie, comme les médias sociaux, simplifie l’échange et la diffusion de messages de solidarité et de compassion, elle permet aussi de véhiculer les messages de haine et de discrimination qui s’infiltrent dans notre société. La cyberintimidation est une triste réalité qui cause de graves dommages. Les jeunes LGBTQ2+ risquent davantage d’être victimes de cyberintimidation et ce, à une fréquence alarmante. Selon Egale, un organisme canadien de défense des droits, 52 % des jeunes LGBTQ2+ de 11 à 22 ans ont été la cible de cyberintimidation plus d’une fois.

D’autres chiffres brossent le tableau de la situation au Canada : 25 à 40 % des jeunes sans-abri sont des personnes LGBTQ2+; 49 % des étudiantes et étudiants trans ont été victimes de harcèlement sexuel; 52 % des personnes âgées LGBTQ2+ craignent d’être « obligées de retourner dans le placard » dans les résidences pour aînés, et 30 % des personnes salariées vivent de la discrimination en milieu de travail.

Au‑delà de ces chiffres franchement consternants, rappelons-nous que des personnes subissent de la discrimination et de la haine simplement parce qu’elles sont elles-mêmes. Il y a plus de 60 ans, on proclamait mondialement que chaque personne a droit à l’égalité et à la dignité. À l’article premier de la Déclaration universelle des droits de l’homme, il est écrit que « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits ». L’Assemblée générale des Nations Unies proclamait d’ailleurs en 1948 que c’était là « l’idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations ». Les chiffres actuels sont donc terriblement bouleversants.

Soyons clairs et nets : la haine ne sera pas tolérée et nous resterons unis devant toute forme de discrimination.

La lutte contre l’homophobie, la biphobie et la transphobie doit se livrer au quotidien. Ne restez pas impassibles devant la discrimination. Intervenez de façon sécuritaire et montrez votre soutien aux victimes. Que faites-vous le 17 mai? Il est plus facile que jamais de passer à l’action. Les médias sociaux, instrument d’intimidation par excellence, peuvent aussi servir à s’entraider et à diffuser des messages de solidarité. Partagez les faits, sensibilisez les gens et faites partie des alliés.

Vous pouvez inspirer d’autres personnes à œuvrer pour l’abolition de la discrimination et de l’injustice.

Ce 17 mai, faites votre part!