30 septembre : Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, aussi connue sous le nom de « Journée du chandail orange ». Depuis l’an dernier, elle est reconnue comme un jour férié fédéral à l’échelle nationale. Une journée pour se rappeler les enfants qui ont souffert et ceux qui ne sont jamais rentrés. Une journée pour les survivantes et survivants des pensionnats, leurs familles et leurs communautés. Une journée qui ne doit pas être un simple congé de plus, mais bien une occasion d’avancer sur la voie de la vérité et de la réconciliation.
La Journée nationale de la vérité et de la réconciliation n’a pas été instituée en un claquement de doigts : des années durant, des militantes et militants locaux, des leaders autochtones et des communautés entières ont dû faire pression sur le gouvernement. Pourtant, ce n’est pas un jour férié partout au Canada.
Ensemble, faisons quelque chose. Rendons hommage aux victimes, aux survivantes et survivants et à leurs familles, et laissons les communautés autochtones nous guider dans cette démarche. Il n’y aura aucune réconciliation sans vérité. Les terribles séquelles des pensionnats, les crimes commis contre les communautés autochtones pendant des siècles et toute la discrimination qui perdure ne sont plus des secrets pour personne. Pour apprendre, il faut désapprendre : désapprendre tout ce qui nous a été enseigné pour servir l’héritage du colonialisme.
Quant à lui, le sinistre héritage des pensionnats au Canada ne figure pas seulement dans le passé, il s’immisce dans notre présent. Le dernier pensionnat a fermé ses portes en 1998 — nous sommes, pour la plupart, assez vieux pour nous en souvenir. Au cours des dernières années, on a levé le voile sur l’horrible réalité des pensionnats et sur les filles et les femmes autochtones disparues et assassinées, et on a reconnu le concept de bispiritualité. Toutefois, les leaders, les militantes et militants et les communautés autochtones ont depuis longtemps clamé la vérité, mais on ne les écoutait pas. La découverte de milliers de sépultures anonymes, d’enfants jamais revenus à la maison, a rouvert des plaies jamais cicatrisées. Y avait-il un pensionnat près d’où vous vivez? Ce ne serait pas surprenant. Les pensionnats n’existent peut-être plus, mais les expériences traumatisantes perdurent pour les personnes survivantes et leurs familles — ces souvenirs ne s’effacent pas.
En matière de vérité et de réconciliation, oui, une grande partie des responsabilités incombe aux gouvernements : fédéral, provinciaux, territoriaux et municipaux. J’ai déjà utilisé cette tribune à plusieurs reprises pour vous demander d’agir et d’enjoindre aux gouvernements de mettre en œuvre les 94 appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation. Les fausses promesses sont monnaie courante en politique. Une déclaration ne vaut rien sans mesures concrètes, sans un réel engagement envers le changement et la décolonisation. Visitez www.nctr.ca et renseignez-vous sur les appels à l’action, puis discutez-en avec les personnes de votre entourage. Les appels à l’action portent sur une variété de questions primordiales, comme l’importance d’honorer et de préserver les langues autochtones. Combien ont été mis en œuvre? Saviez-vous que beaucoup de travailleuses et travailleurs autochtones qui parlent une langue autochtone en plus de l’anglais ne sont pas traités de la même manière que leurs homologues qui parlent français? On doit honorer les langues autochtones pour progresser vers la vérité et la réconciliation.
La mise en œuvre des appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation est notre responsabilité à toutes et à tous. On ne peut pas se permettre d’être de simples témoins. On ne peut pas se permettre d’attendre. Il est temps d’agir. Que ce soit au travail, dans nos communautés et ailleurs, nous pouvons tous et toutes sensibiliser les autres. Il y a des activités et des ateliers prévus cette semaine ainsi que tout au long de l’année. Des formations. Des cérémonies organisées par des communautés autochtones. Allez-y le cœur ouvert. Soyez des alliées et des alliés.
Rappelons-nous les paroles de l’honorable Murray Sinclair : « L’éducation nous a mis dans ce pétrin, et c’est l’éducation qui nous en sortira. »