Combler la fracture numérique au Canada

De Lorraine Rousseau

Il y a plus d’un an, on a dû adopter des routines qui ne nous étaient pas familières à cause des restrictions sanitaires concernant les rencontres en personne. Il a donc fallu se tourner, ici comme partout sur la planète, vers le monde virtuel. C’était, et c’est encore, une question de nécessité. On dépend tous d’Internet pour se connecter au travail, à l’école et à la maison, car c’est devenu le moyen le plus sécuritaire et, dans bien des cas, le seul moyen de le faire en période de pandémie. Mais le Nord, lui?

En août 2020, le CRTC (Conseil de la radiodiffusion et des communications canadiennes) a reconnu la nécessité de recueillir plus de données sur les services et les fournisseurs du Nord pour suppléer à son Rapport de surveillance des communications. Le rapport de recherche a été publié en novembre 2020 – le saviez-vous? Eh bien, moi non plus! Il s’intitule Recherche sur les services de télécommunications dans le Nord canadien. Ironiquement, on y accède sur Internet à https://publications.gc.ca/collections/collection_2021/crtc/BC92-110-2020-fra.pdf.

Dans le Nord, nous n’avons pas besoin de nous demander à quoi ressemblerait la vie sans Internet, car ça nous arrive très souvent. Même lorsque le service est accessible, la connexion est trop imprévisible pour qu’il soit fiable. Trois grands thèmes se dégagent des conclusions du document Recherche sur les services, inspirées des commentaires des participants : les coûts exorbitants, la lenteur et le manque de fiabilité. Tiens, tiens.

Quelques kilomètres à peine peuvent faire la différence entre zéro frais d’utilisation supplémentaires (données illimitées) et un remaniement complet de son budget personnel! Encore faut-il que les familles aient les moyens de s’offrir Internet. Elles sont nombreuses à devoir s’en passer. Les rendez-vous médicaux, les occasions d’apprentissage, l’instruction, le commerce, les contacts avec nos proches et l’accès aux services, tout dépend d’Internet. Certaines communautés n’y ont pas accès pendant plusieurs jours d’affilée. Comment les employeurs du Nord peuvent-ils s’attendre des membres de leur personnel qu’ils soient productifs lorsqu’ils ne peuvent pas se fier sur un service qui est monnaie courante dans le reste du pays?

L’honorable Bernadette Jordan, première ministre canadienne du Développement économique rural, est consciente de la fracture numérique. Elle a fait valoir « [qu’]une très grande majorité de citoyens vivant dans ces collectivités rurales et éloignées ont indiqué que les difficultés d’accès abordable à Internet haute vitesse étaient le principal obstacle à leur croissance économique. C’est le message entendu haut et fort lors de l’élaboration de La Stratégie canadienne pour la connectivité » (https://www.ic.gc.ca/eic/site/139.nsf/fra/h_00002.html).

Combien de fois faudra-t-il enfoncer le clou?

L’ONU a reconnu, il y a 10 ans déjà, que l’accès à Internet est un droit fondamental dans un monde où les communautés toujours plus marginalisées sont aux prises avec des inégalités exacerbées par la pandémie. 

Au cours des dernières années, les promesses de combler la fracture numérique et d’investir dans les infrastructures nécessaires se sont multipliées. Les communautés du Nord ont besoin que ces promesses se concrétisent. Pas seulement dans les prochaines décennies, mais maintenant. C’est urgent.

À quel point cette fracture numérique est-elle grave? Assez pour déconnecter le Nord du reste du Canada.

Que vous soyez touchés ou non, nous vous prions d’agir. Personne ne doit être laissé pour compte. S’il y a une leçon à tirer de la pandémie, c’est qu’il est vital de rester connectés. Dites à vos députés et leaders fédéraux, provinciaux et territoriaux que c’est l’une des grandes priorités des individus, familles et communautés du Nord.

COMBLEZ LA FRACTURE NUMÉRIQUE, CANADA!